Pédopsychiatrie : une offre inadaptée

19 avril 2023

Dans son rapport publié en mars dernier, la Cour des Comptes estime qu’environ 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrent d’un trouble psychique en France.

Entre 750 000 et 850 000 enfants et adolescents bénéficient annuellement de soins prodigués en pédopsychiatrie. Mais les Sages de la rue Cambon ont observé que l’organisation actuelle des soins, en particulier dans les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles (CMP-IJ), une partie des patients suivis ne souffrent que de troubles légers. Au détriment de la prise en charge d’enfants souffrant de troubles plus sévères.

Ce qui, là encore, pose la question de l’accès aux soins, qui plus est depuis la crise sanitaire. « Malheureusement, nous ne pouvons que constater la place grandissante des psychotropes chez nos enfants, déplore Éric Delemar, Défenseur des enfants. Car, quand on n’a pas accès aux soins, on médique. En parallèle, la courbe croissante des hospitalisations en pédiatrie et pédopsychiatrie engendrée par la crise sanitaire n’a pas baissé. »

« Développer la prévention autour des tout-petits »

Entre 2010 et 2022, le nombre de pédopsychiatres a diminué de 34%. Ce qui empire la difficulté d’accès aux soins et la prise en charge dans les services infanto-juvéniles. Il s’avère, en outre, que le parcours de soins en pédopsychiatrie repose sur une offre organisée en « secteurs », aux missions souvent très larges. « Malgré nos alertes pendant la crise sanitaire, les décideurs politiques ont cru que les enfants allaient s’adapter et se réadapter. Alors que les enfants sont toujours les premières victimes », souligne Éric Delemar.

« Le défaut de prise en charge des troubles de santé mentale et les manquements aux droits fondamentaux, comme le droit à l’éducation ou à la protection qui en découlent, constituent une entrave au développement des enfants et à leur intérêt supérieur, affirme-t-il. La crise sanitaire a montré que la santé mentale est autre chose que l’absence de maladie. Il faut développer la prévention autour des tout-petits avec les maisons des 1 000 premiers jours*, qui accueillent enfants et parents gratuitement, et répondent au manque de lisibilité et de coordination de l’offre de soins. Et, à l’école, nous devons laisser les enfants prendre la parole pour qu’ils s’épanouissent et prennent confiance… Notre société doit changer son regard sur l’enfance. » 

*Une recommandation du rapport remis en septembre 2020 par le psychiatre Boris Cyrulnik.

 

 

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Article réalisé par Carine HAHN.